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14 mars 2016

La réforme du Code du Travail et la prise de décision dans un contexte d'urgence, de risques et complexe.

La réforme du Code du Travail

Depuis sa création en 1906, suite à l'accident à Courrières où plus de 1 099 ouvriers périrent, le Code du Travail est une des pièces du puzzle législatif et réglementaire de la vie des salariés du "privé". Il s'intercale entre les normes internationales et européennes et les accords de Branches et d'entreprises.

En 2016, le projet de loi de Myriam El Khomri vise à réformer le Code du Travail. Cette réforme est dans la continuité des directives européennes, et elles-mêmes suivent les recommandations du rapport Doing Business de la Banque Mondiale.

Suite à ce projet de loi, un mouvement citoyen est né sur les réseaux sociaux entre une pétition en ligne et une vidéo de youtubers avec le mot clé #onvautmieuxqueca sur Twitter.

D'abord débordés, les syndicats tentent de reprendre la main sur cette initiative citoyenne tout en affichant leurs divisions sur ce projet de loi. Certains souhaitant le retrait du texte, d'autres préférant procéder par amendements.

Une première manifestation le 9 mars a donné lieu a des rencontres entre présidents d'associations et membres du gouvernement et une seconde manifestation est programmée le 17 mars.


Même en se basant sur les seuls chiffres de la police, les manifestations du 9 mars sont un succès et se distinguent des autres manifestations françaises pour deux raisons :
  
  1. L'initiative de ce mouvement est citoyenne et non politique ou syndicale avec la pétition en ligne de Caroline de Haas sur Change.org et l'appel des youtubers avec #onvautmieuxqueca sur Twitter, 
  2. La participation de villes moyennes comme Bourg en Bresse (1000 manifestants), Le Mans (1000 manifestants) ou encore Perpignan (3000 manifestants), ce qui en montre le caractère généralisé.

Cette particularité précisée, la réforme du code du travail interroge chacun à des degrés divers tant les attentes des chômeurs, des salariés, des indépendants, des entrepreneurs, des managers et des dirigeants de la TPE aux grands groupes peuvent être considérées comme différentes, voire en contradiction ou opposition alors que la loi ne vise qu'à dessiner la carte du territoire.

A noter que Caroline de Haas qui fait partie du trio qui a lancé la pétition contre le projet de loi est l'invitée des plateaux TV mais pas des interlocuteurs du gouvernement. De même pour les youtubers.




L'étude des prises de décision dans des contextes d'urgence, de risques et complexe d'après les scientifiques Klein, Lebraty, Pastorelli, Endsley qui ont menés différentes études sur ce sujet de 1998 à 2004.




L'urgence avec les faillites d'entreprise, le chômage de masse, mais aussi des carnets de commande en berne (Sur-équipement), des salariés de plus en plus désengagés, des secteurs économiques où l'ubérisation rime avec précarisation généralisée. 

Les risques multiples entre la peur du chômage et son déclassement associé, la peur de ne pouvoir licencier à moindre coûts en cas de retournement économique conjoncturel (faiblesse de la demande , faiblesse du pouvoir d'achat), structurel (automatisation, digitalisation, ...), frictionnel (Délais de recrutement, Pénurie de candidats formés, ...) sans oublier le climat anxiogène généralisé avec la gestion politique et médiatique des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.

Complexe entre la législation internationale sur le droit du travail et les dynamiques actuelles avec comme marqueurs principaux les rapports Doing Business de la Banque Mondiale, les directives européennes en économie et emploi et les solutions mises en œuvre par les gouvernements français successifs.

L'expert face à une situation d'urgence, risquée et complexe commence par faire une comparaison instinctive avec ce qu'il a déjà vécu et appris auparavant. (Notre cerveau ne sait faire qu'une seule chose : RELIER).

Or, s'il y a bien un point qui fait consensus est le fait que le numérique révolutionne notre monde. Il apporte de l'inédit. Ainsi, l'expert mais par extension vous comme nous, se retrouve face à sa faiblesse : relier. 

Les raisonnements par analogie et ceux relevant d'une logique mécaniste (Causes - Conséquences - Corrélations) ne fonctionnent pas pour analyser une situation complexe.
Cela reviendrait à étudier l'univers avec les outils d'analyse datant d'avant Copernic (l'époque où la Terre est plate).

De 1906 à 2016, nul besoin de connaître l'histoire détaillée du monde du travail, quelques images suffiront à montrer ses évolutions et révolutions.

1906
1960
1990


2016


Comment peut-on comparer les conséquences connues de l'industrialisation avec celles de la digitalisation que nous vivons ?

Quand les solutions habituelles ne fonctionnent plus ou pas, l'expert va alors apporter des propositions et des solutions potentielles au lieu d'améliorer sa compréhension de la situation et de comparer les alternatives. Il commet ainsi l'erreur de procéder par analogie dans un environnement complexe puisque la somme des critères divergents démontre bien le fait d'être face à deux situations différentes et non analogues. Les solutions potentielles sont impossibles à comparer.

Dernier point, l'expert contrairement au politique, justifiera ses décisions  en suivant une méthode analytique mécaniste qui seule garantira la justification de ses actes en cas d'échec en fonctionnant par silo.


Pour aller plus loin :


25 août 2015

Quel sera l'impact des 200 nouveaux contrôleurs du Pôle Emploi sur la surmortalité des chômeurs et les 38 suicides par jour ?


Pierre Meneton, auteur d'une étude de l'INSERM sur la santé des chômeurs, a mis en évidence la surmortalité des chômeurs dont les risques de tentatives de suicide sont trois fois plus élevés que ceux des non-chômeurs.

D'autres chercheurs d'autres pays dont ceux de l'université de Zurich ont réalisé les mêmes études et obtiennent  les mêmes conclusions. Le regroupement des résultats de différentes études sur le même objet ont comme conclusion que le taux de chômage d'un  pays a un impact direct sur le taux de suicide de ses chômeurs, le chômage augmentant le risque de tentative de suicide de 30%.

Plus spécifiquement pour la France, Pierre Meneton estime à 14 000 morts liés au chômage chaque année depuis la crise financière de 2008, soit 38 tentatives de suicide réussies chaque jour.

D'après certaines déclarations de François Hollande, la lutte contre le chômage serait une priorité en France. Du moins, elle conditionne sa candidature aux élections présidentielles françaises de 2017.

Pour ce faire, différents ministres ont tenté sans succès de résorber le taux de chômage français puisque le nombre de chômeurs a augmenté de près de 614 000  (catégorie A) depuis 2012. La dernière mesure est de renforcer le contrôle des chômeurs avec 200 nouveaux contrôleurs.

L'efficacité des mesures de lutte contre le chômage a déjà été étudiée par différentes universités de différents pays, ce qui permet, à défaut de savoir ce qui fonctionne réellement, de connaître précisément quelles sont les mesures anti-chômage qui ne donneront aucun résultat probant.

Ainsi, les universitaires de Berkeley ont mis en évidence au travers d'une méta-analyse de 207 études sur les outils de lutte contre le chômage, les solutions qui ne fonctionneront jamais et celles où il est recommandé d'investir.

Quelles sont les deux mesures qui ne fonctionnent pas mais qui donnent l'illusion que le politique lutte contre le chômage ?

1 - Baisser les indemnités des chômeurs aussi bien sur le montant que sur la durée n'a un effet qu'à court terme contre le chômage. Cela contraint les chômeurs à accepter n'importe quel métier et à démissionner ensuite dans le meilleur des cas et au suicide dans le pire des cas. Cela ne fait que déplacer temporairement la problématique du faible volume d'offres d'emploi face au nombre sans cesse plus grand de chômeurs. Cela entretient une rotation entre travailleurs pauvres et intermittents du chômage, le chômeur changeant juste de catégorie, passant de A à B ou C ou D, ... .

2 - Sanctionner ou radier les chômeurs permet effectivement de faire baisser artificiellement le taux de chômage mais augmente directement le taux de suicide et le nombre de personnes vivant sous le seuil de l'extrême pauvreté (RSA). Quel est le bénéfice pour le citoyen ?

Quelles sont les mesures qui permettent de limiter au mieux le taux de chômage ?

Les mutations du monde du travail font qu'entre l'automatisation des tâches et le développement des robots, le nombre d'emploi ne peut que baisser face à la démographie mondiale. Ainsi, le chômage est condamné à se maintenir, voire à augmenter avec le temps si l'on ne change pas de système comme avec la création d'un revenu universel.

Pour autant, les seules politiques sur le moyen et long terme qui permettent à un individu d'être le moins exposé au chômage résident dans l'offre de formation et son accessibilité.

Or, qu'en est-il de l'offre de formation française destinée aux chômeurs et salariés français  ?

Là encore, différentes études universitaires françaises permettent d'affirmer que la formation professionnelle ne profite qu'à ceux qui en ont le moins besoin pour obtenir ou se maintenir à un emploi.

En 2012, l'Insee publiait une étude sur les inégalités de la formation professionnelle. 68 % des cadres supérieurs ont bénéficié d'une formation contre 34% des ouvriers quand le chômage n'affecte pas de la même façon les différentes catégories socio-professionnelles comme l'illustre le graphique suivant :



En effet, les ouvriers, les employés et les agents de maîtrise sont pour le moment les dindons de la farce. Cela s'explique par une convergence de différentes mesures :

- La politique de formation des entreprises est de concentrer les budgets formation sur ce que l'entreprise appelle les talents et hauts potentiels. Ainsi, les cadres  français  peuvent développer aussi bien des expertises de routine que d'adaptation quand les ouvriers, les employés et les agents de maîtrise de la même entreprise sont en attente d'être automatisés et sans formation.

- L'accès à la formation pour les chômeurs les moins qualifiés est un labyrinthe dont peu ressortent vivants de par le temps de réponse du Pôle Emploi et les problématiques de financement. De plus avec la création du compte personnel de formation, les personnels les moins qualifiés n'ont plus d'interlocuteurs pour connaître les offres et les modalités d'accès. Avec cette réforme, il est demandé aux pauvres d'être responsables de leur inculture et d'assumer leur manque de connaissances. l'état leur a crée un compteur, ils n'ont qu'à savoir comment ça marche.

Au travers de ces quelques exemples, les mesures actuelles de lutte contre le chômage ne sauraient avoir de résultats, mais elles impactent en revanche sur le taux de suicide.

Pour comprendre comment les discours d'un ministre comme l'a été François Rebsamen impacte directement l'augmentation des suicides, il faut connaître les facteurs qui peuvent amener une personne à mettre fin à ses jours et la dynamique du harcèlement moral qui peut conduire à un burn out et au suicide.

Excepté pour des raisons psychiatriques clairement identifiées, les causes du suicide sont généralement les suivantes :

- Perte d'un emploi
- Perte de l'espoir
- Baisse des interactions sociales
- Perte de l'estime de soi
- Écouter et subir des discours, comportements et actions répétés visant à dégrader l'image de la personne au chômage et de ses tentatives d y remédier
- Atteinte à la vie privée avec un besoin d'information sur le mode de vie de la personne au chômage comme si elle était un délinquant avec la présomption de culpabilité portée par des agents du Pôle emploi.

Dans un pays qui compte bientôt 6 millions de chômeurs pour un Pôle emploi qui propose au mieux 300 000 offres d'emploi, soit rigolons un peu, 2000 chômeurs par offre d'emploi, comment peut on lancer l'anathème du chômeur assisté comme l'a fait François Rebsamen à différentes reprises ?

Quand différentes études démontrent que les solutions de recherche proposées par le Pôle Emploi sont inefficaces, comment peut-on reprocher aux personnes inscrites dans cet organisme d'être lassées, fatiguées, épuisées de devoir faire des actes de recherches d'emploi dits positifs qui n'ont aucun résultat si ce n'est  dans le but de les stigmatiser, de leur faire perdre leur confiance et leur estime d’eux-mêmes, soit de les amener indirectement pour une partie d'entre eux à penser à leur inutilité sociale, soit au suicide ?

Pour ma part, je suis convaincu que les 200 nouveaux contrôleurs auront une responsabilité directe dans la surmortalité des chômeurs. Cette mesure n'a aucun sens tant le Pôle Emploi sera toujours incapable de pouvoir proposer des solutions de formation à chaque chômeur mais surtout continuera de se révéler particulièrement incompétent dans ses propositions de solutions de recherche d'emploi comme je l'avais démontré avec l'analyse des 4 Moocs pour l'emploi et leur imposture manifeste.

A la fin de la journée, 38 chômeurs se seront suicidés mais pour les cyniques politiciens, ce sera toujours 38 chômeurs en moins donc une raison de se représenter aux élections.



Sources :
les liens entre chômage et suicide
Les raisons du suicide
Le harcèlement moral
Rebsamen ressort le bâton contre les chômeurs
Taux de chômage par catégories socio-professionnelles 
Après la réforme, la formation n'est plus continue
Les inégalités d'accès à la formation professionnelle

CESE Mai 2016 : Ils n'ont rien compris et écrivent en inclusif ce qui discrimine les mal-voyants et les aveugles.

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