Si la pandémie Covid-19 n'était pas terminée, les leçons de la première vague pouvaient déjà être tirées. Bien sûr, les commentateurs s'arrêtaient sur les chiffres de contamination et de mortalité. Des chiffres qui ne signifiaient pourtant pas grand chose si ce n'est d'activer des biais cognitifs bien connus.
Le taux de contamination dépendait du taux de recours aux tests de dépistage et chaque pays n'avait pas les mêmes politiques de dépistage massif, n'avait pas eu la même temporalité de réponse. La France avait commencé par ne tester que les personnes explicitement malades quand l'Allemagne dépistait toute personne dont les malades asymptomatiques.
Le taux de mortalité dépendait autant de la morbidité directe provoquée par la Covid-19 que des morbidités indirectes. En effet, de nombreux patients de maladie chronique avaient cessé leur suivi médical entrainant une accélération de leur mort.
Ainsi, les chiffres actuels mettaient surtout en exergue la mortalité directe et la France occupait la 4eme place des pays comptant le plus de morts avec près de 30 000 décès en un trimestre. Cette morbidité pouvait être mise en comparaison avec le nombre de morts dites naturelles en Ehpad, avec la mortalité routière, la mortalité cardio-vasculaire, la mortalité par suicide ou la surmortalité en raison de la précarité tout comme elle pouvait également être mise en comparaison avec la mortalité des épidémies précédentes comme la grippe de Hong-Kong.
Les débats s'ouvraient alors sur le rapport entre la culture d'un pays et la mortalité de ses résidents, les bénéfices de certaines cultures face à cette pandémie, le nombre de morts et les impacts sur l'économie n'étaient pas les mêmes.
La culture française avait montré ses limites face à la pandémie Covid-19 et l'explication du Covid-19 pour tous en raison d'un individualisme du chacun pour soi montrait combien le réductionnisme œuvrait en France.
Le modèle Hosftede, un anthropologue néerlandais mettait en exergue six dimensions symbolisant les tensions régissant chaque culture. Il s'agissait de six binômes qui permettait non pas de prédire le comportement de chaque individu d'une société mais de connaitre la structure dans laquelle évoluait l'individu.
Distance hiérarchique, Individualisme Vs Collectivisme, Monochronie Vs Polychronie, Masculinité Vs Féminité, Évitement à l'incertitude, Indulgence, ces six binômes permettaient de mieux comprendre les chemins pris par la société française et expliquaient en partie le taux de mortalité au-delà des réductionnismes habituels dont la presse française vivait et participait à répandre.
La culture française était plutôt féminine avec un évitement fort à l'incertitude où la distance hiérarchique était forte entre un pouvoir présidentiel et les citoyens, où la vision court-termiste l'emportait sur une vision à long terme avec une primauté au passé et au présent à défaut d'une vision d'avenir.
Les Français avaient privilégié le confort à court-terme face à un coronavirus mortel, ils avaient vanté la recherche du compromis et l'équilibre de leurs routines familiales et professionnelles. Ceci expliquait la mortalité française contrairement à des sociétés masculines dotées d'une vision à long terme et sachant faire face aux incertitudes qui avaient opté pour une compétition face à ce tueur viral et préféré une moindre qualité de vie le temps de la lutte. Les différences culturelles expliquaient les différents taux de mortalité et réduisaient les possibilités de chaque citoyen à faire face à une situation complexe, urgente et risquée.
La deuxième vague approchait et les Français ne semblaient pas tirer les leçons de la première, fallait-il s'attendre à un doublement du nombre de morts ?
"Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends"
#Odin : Qui dit 3 dit 4 et 5 pour atteindre chaque pilier.
La guerre inter-ethnique qui avait eu lieu à Dijon entre des maghrébins et des tchétchènes avait permis d'observer les réactions de la gauche française. Elle avait pris fait et cause pour les dealers maghrébins. Si les tchétchènes étaient considérés comme des étrangers bénéficiant de l'asile politique ou du statut de réfugiés de guerre, personne ne s'était interrogé sur la nationalité des maghrébins en question. Une préférence pour les uns et une detestation pour les autres pour des questions purement électoralistes, les élections municipales étaient proches et dans l'esprit des politiques de gauche de Rebsamen à Mélenchon, les dealers maghrébins arborant des kalashnikovs étaient aussi de potentiels electeurs, il fallait les chouchouter et puis il y avait la jurisprudence Castaner, l'émotion est au dessus des lois.
Le fait que la paix était signée dans une mosquée, tuait un peu plus la République Française mais comme disait l'adage en France, Dijon vaut bien une mosquée. Et les socialistes étaient dans l'habitude de ce genre de corruption, des votes contre des mosquées, des votes contre des postes en mairie pour des islamistes, des votes contre des subventions pour des associations prônant en filigrane le Jihad et / ou la ségrégation entre musulmans et kuffars.
Après l'épisode Mila, cette jeune lesbienne qui avait fait l'objet d'une Fatwa par la jeunesse musulmane française, après l'épisode Farida, une infirmière maghrébine tentant de lapider les forces de l'ordre et se positionnant en victime, Dijon montrait une guerre inter-ethnique entre maghrébins et tchétchènes où les appels de youtubeurs au nom des amis de Ben Laden avaient appelé à la réconciliation car les deux camps étaient musulmans avant toute chose. Avant la vente de drogue, avant les lois de la République, avant l'esprit français, au dessus de la France. D'ailleurs, les politiques en manque de voix évoquaient les musulmans de France et non les français musulmans.
L'intolérance à l'égard des homosexuels, l'intolérance à l'égard des autres religieux et des athées, l'intolérance à une démocratie laïque, cette intolérance là en vigueur dans les pays musulmans où homosexuels, athées, autres religionnaires pouvaient être tués avait envahit la France. Le triptyque Identitarisme / Délinquance / Religiosité venait sacraliser la violence et le tryptique Tribu / Honneur / Imam venait renforcer le religieux face à l'état de droit aux abonnés absents. Ainsi, au nom d'Allahu Akbar, ils avaient lancé une fatwa contre une lesbienne blanche, au nom d'Allahu akbar, ils s'étaient fait la guerre à Dijon, au nom d'Allahu Akbar, ils faisaient des attentats, au nom d'Allahu Akbar, ils prônaient la réconciliation en faisant d'un dignitaire religieux, un médiateur judiciaire. Les français pouvaient moquer les anglais qui avaient laissé l'installation de tribunaux de la Charia, Dijon montrait que les tribunaux de la Charia avaient également cours en France.
Sibeth Ndiaye souhaitait des statistiques ethnico-religieuses pour lutter contre des discriminations imaginaires quand le droit n'était même plus appliqué en France. Elle était bien la fille de son père, un fidèle au service de la corruption et de la violence au Sénégal. Elle avait importé cela et rien de plus, cette vision raciale de la société que chérissait un socialiste comme Gobineau.
L'éducation populaire, l'éducation élitiste, la méritocratie, la lutte des classes, toutes ces histoires romanesques occupaient le devant de la scène médiatique et politique. Le roman permettait d'amener n'importe quel lecteur à percevoir un bout du monde réel par cet habile habillage de l'écriture. De la fiction, le lecteur pouvait avoir une meilleure connaissance du réel et le roman, cette fiction n'avait même pas besoin d'apporter des solutions, des propositions mais juste d'exposer des situations où le lecteur allait vivre, ressentir des émotions et s'interroger plus ou moins longuement. Pour affirmer que si deux et deux font quatre et le reste suit est vrai, il fallait pour valider cette thèse, que les hypothèses soient maitrisées. Et d'une simple affirmation, d'un calcul que beaucoup jugeraient élémentaire car relevant de l'addition, fallait-il s'accorder sur qu'est-ce qu'une addition, qu'est-ce qu'un objet. Un roman était un objet littéraire, pouvait-on additionner deux romans ? Kafka plus Orwell donnait lieu à une analyse de Kundera sur le vrai et le faux roman, quand pour le quidam une situation pouvait être kafkaïenne ou orwellienne mais jamais kunderaienne. Une banane était un fruit, que donnait deux bananes ? Deux fois plus de calories pour l'ingurgiteur. Un verre de lait plus un verre de lait donnait-il toujours deux verres de lait ? Le verre de lait n'existait que lorsque le verre contenait du lait mais si l'on versait le verre de lait dans un autre verre de lait, il n'y avait plus qu'un verre de lait et un verre vide qui n'était plus de lait.
L'addition, au travers de ces quelques exemples, que l'objet soit matériel ou intellectuel, ne permettait pas d'affirmer qu'un plus un faisait deux et encore moins que deux plus deux faisaient quatre, mais offrait au lecteur suivant sa position et ses croyances une multitude de solutions. Il fallait définir l'objet, la relation entre les objets et l'observateur pour déterminer le bon résultat du faux, de l'illusion.
Si Orwell dans 1984 utilisait la double pensée pour faire apparaitre ou disparaitre un souvenir, pour faire du vrai un faux ou un faux du vrai, la société française, du moins une partie de la société française savait que la création de faux souvenir était d'une facilité déconcertante et les conséquences pouvaient en être dramatiques. Il était facile de faire croire qu'untel était agressé en raison de sa couleur de peau, de son orientation sexuelle, de son genre uniquement par le fait de poser des questions fermées et orientées.
Ainsi, la propre personne croyait en une nouvelle fiction d'une réalité qu'elle avait vécue par la simplicité d'une interprétation transformée. En France, la chaine d’État France Télévision venait de diffuser un documentaire du journal Le Monde sur le mythe des féminicides en donnant une explication bien qu'incapable de résister à l'analyse scientifique mais donnant des orgasmes aux féministes françaises en les plaçant en victime sacrificielle de la propriété. Le féminicide, cette chimère existait en raison du sentiment et de la volonté d'appropriation dans un système patriarcal selon leurs croyances. Les Français dont les journalistes et propriétaires de diffuseurs de savoirs avaient le même niveau de croyance que le premier des chrétiens, musulmans ou juifs expliquant que la Terre et l'Homme étaient des créations divines, preuve en étaient, ils existaient. Les joies des argumentations circulaires.
L'addition des mythes et croyances donnait lieu à de nouveaux mots et maux et les gens se persuadaient de leur réalité, se créaient de faux souvenirs, effectuaient une relecture du réel avec ces nouveaux prismes de croyances. Les fondateurs des Lumières mourraient deux fois par un tel rejet de la méthode scientifique et un tel crédit accordé aux mythes et aux mots. Le féminicide faisait partie de la novlangue chère aux dictatures et tout cela subventionné par les citoyens par l'intermédiaire des impôts culturels comme la redevance télévisuelle. Les Français finançaient leurs croyances, créaient leurs monstres, ils fabriquaient eux-mêmes les futurs crimes. Tout comme les Américains avaient fabriqué leurs monstres et leurs fictions, entre l'afro noir George Floyd et l'afro blanc Elon Musk, deux destins différents pour deux descendants d'Africains au pays de l'oncle Sam, entre le délinquant mort lors d'un contrôle policier et le milliardaire en tête de la conquête spatiale avec une entreprise privée créée ex nihilo. L'étude OFFER montrait qu'en interrogeant les mêmes personnes sur leur scolarité avec 34 ans d'écart, les résultats sur leur perception de cette époque étaient radicalement différents. Si à 14 ans, ils s'étaient ennuyés à 28%, ils étaient 58 % à le déclarer à 48 ans, s'ils disaient avoir été humiliés à 82 %, ce taux passait à 30% 34 ans plus tard. Les souvenirs devenaient différents avec le temps et mensongers.
Si le roman avait la sincérité de la fiction où le lecteur savait que l'illusion pouvait être parfaite, où la transmission du savoir pouvait se faire d'abord par l'émotion, la France du 21e siècle avait tourné le dos aux Lumières, se berçait d'illusions dans toute une série de domaines où la lapidation du dernier français ne pouvait être que la seule fin.
Entre les mensonges organisés aussi bien des communautés féministes qu'indigénistes qui partageaient ce même goût pour la liturgie et ce même refus des sciences, la société de surveillance généralisée qui se profilaient au prétexte d'avoir un bon enfant, la bonne hygiène, des relations moins toxiques, etc., où l’État était accaparé par une oligarchie asservissant la majorité silencieuse et consentante avec ces logiques de douces terreurs permanentes au nom du bien, seul le roman par sa qualité intrinsèque d'éducation populaire véritable permettait à certains d'ouvrir les yeux. A savoir juger de la pertinence d'écrire quand deux et deux faisaient quatre alors le reste suivait. Comment cette addition éloignait les totalitarismes les plus divers sans se focaliser en permanence sur les éternels nazisme, communisme et néolibéralisme et leur logique destructrice, les fameux Reductio Ad Hitlerum, Ad Capitalum, etc.
Cette capacité qu'offrait le roman à avoir une nouvelle perspective, à comprendre certains processus psychologiques, à apprendre que l'humanité était périssable et destructible, à participer à l'émergence d'une conscience morale et politique était bien la capacité de l'éducation populaire. Fallait-il encore savoir écrire et savoir donner envie de lire. La lecture des romans ouvrait au pluralisme interprétatif, garant de la lutte contre les totalitarismes mais il fallait déjà ouvrir un livre, entrer dans la tête des auteurs et de leur monde romanesque, de cette captation du réel et de sa retranscription en des propos qui se voulaient intelligibles et intéressants.
Quand un changement civilisationnel s'opérait, la question devenait quand avait-il eu lieu ? La datation ne permettait de savoir avec précision chaque grand soir qu'avait connu l'Humanité. Au mieux, la datation permettait de nommer de grandes périodes humaines : la sédentarisation, les inventions du gouvernail, de l'imprimerie, du moteur à vapeur, à explosion, électrique, du microprocesseur, ...
Pour autant même les meilleurs historiens ne pouvaient affirmer : "C'est ce soir là, précisément que le changement avait eu lieu". La date des inventions ne permettait pas d'affirmer le grand soir avec l'imprimerie a commencé ce jour-là. Les gens de l'époque n'en savaient rien, ils y croyaient ou non, ils en voyaient ou non les répercussions mais à aucun moment, la société dans son ensemble s'écriait : "C'est le grand soir", l’avènement de la société des scribes comme au temps des pyramides et de la civilisation égyptienne, de la société de la transmission du savoir, des stocks de connaissances avec les bibliothèques aux flux d'informations avec l'encyclopédie Wikipedia et sa nouvelle manière de valoriser les connaissances, de les partager, d'augmenter le savoir individuel puis collectif, d'être un monde plus civilisé. Tout dépendait si la société prenait à corps l'invention ou pas, le moteur à hydrogène l'avait démontré, vielle invention qui revenait au goût du jour.
Avec la pandémie Covid-19 et l'arrêt de l'économie provoqué, les vieux idéologues rêvaient d'un grand soir, se remettaient à mettre au goût du jour leurs vieux espoirs avec de nouveaux slogans, ils n'étudiaient pas la situation pour déterminer ce qui avait changé, ils radotaient leurs vieilles rengaines. Face à eux, ceux qui se disaient pragmatiques expliquaient qu'il n'y aurait pas de monde d'après mais la réapparition du monde d'avant, et ils choisissaient avec précision les exemples qui allaient dans leur sens comme la réouverture des magasins Zara avec les files d'attentes des clients prêts à acheter de la fringue éphémère et jetable comme avant la pandémie.
Le rebond de pollution accréditait leurs idées que le monde ne changerait pas, que la vie reprendrait son cours sans changement. Et pourtant ...
Le temps d'arrêt provoquait bien plus de changements que n'importe quelle formation "Conduite du changement", que n'importe quelle politique de transformation écologique ou bioéthique. Le télétravail qui n'était pas une nouveauté avait connu un test grandeur nature en raison de son obligation passagère le temps du confinement. Tout ce qui avait déjà été dit sur les avantages et inconvénients du télétravail avait pris réalité, s'était incarné et en même temps toutes les illusions sur le télétravail avaient été également mises à nu. Travailler à distance ne mobilisait pas les mêmes schémas mentaux, la même organisation qu'un travail dans un collectif de bureau. Si les changements n'étaient pas perçus avec clarté au commencement, leurs conséquences prenaient du temps à émerger à la conscience de chacun, le changement, lui, avait bien eu lieu. Il fallait du temps au temps pour le nommer avec précision et ne pas le confondre avec autre chose.
Avec le confinement, le réflexe avait été de stocker la nourriture, l'énergie comme si la confiance dans les flux était rompue alors que la transformation d'une économie des stocks à une économie des flux était chaque jour plus grande. Les blablacar, les netflix, les coliving et coworking étaient adoptés de plus en plus. Pas de stock que du flux.
Des stocks de charbon aux réserves de pétrole, les gens n'avaient pas vu le grand soir, ils étaient passés d'une énergie extrêmement polluante à une autre polluante différemment. Ils avaient attendu le grand soir de la fin du charbon puis du pic du pétrole conventionnel, puis du pic du pétrole bitumineux en vain. Le charbon était revenu lors de l'accident du Fukushima. L'Allemagne avait quitté l'énergie nucléaire sans carbone pour une énergie carbonée et polluante et ce n'était pas le seul pays à avoir pris ce chemin tortueux à la demande des écologistes. Moins de nucléaire, plus de pollution, curieuse conception de l'écologie ou de l'écosophie comme disaient les milieux à la pointe du dernier slogan en vogue.
Si les énergies renouvelables étaient désormais moins chères que l'énergie nucléaire, elles imposaient de vivre uniquement en fonction des flux d'émission sans avoir de stock pour répondre à une demande en temps réel comme la nuit ou les jours sans soleil et sans vent.
D'une énergie en flux (soleil, vent, bois,...) à des ressources énergétiques en stock (pétrole, nucléaire), les sociétés humaines avaient connu un essor des flux de personnes, de marchandises, d'informations et de capitaux, tel était le paradoxe du monde d'avant.
Avec la distanciation sociale obligatoire, les universités et les écoles devaient repenser leur manière de faire avec le télé-enseignement. D'une logique de stock de places dans les amphis où les savoirs étaient délivrés en temps réel, la pandémie Covid-19 exigeait de passer à une logique de flux avec une transmission des savoirs asynchrone et des activités synchrones pour maintenir une cohésion d'équipes et le sentiment d'appartenance à une communauté. Le monde d'après ne nécessitait plus un stock de places conforme à la population en âge et en devoir d'étudier, là était déjà le changement qui s'imposait à tous, professeurs comme étudiants et administratifs.
Avec le besoin de traiter un nombre de malades croissant, les hôpitaux, eux, avaient pris conscience que le flux de patients imposait d'avoir un stock de lits pour mener à bien les périodes de réanimation. Une réallocation des ressources avait eu lieu dans l'urgence au début puis une analyse avait permis par la suite une plus grande fluidité remettant en cause aussi bien les modèles d'avant ne raisonnant qu'en stock que les modèles des économistes pensant uniquement en flux, l'hybride prenait sa place avec des raisons incarnées et les retours d'expériences.
Le grand soir avait bien eu lieu, les transformations avaient commencé, seule la conscientisation prenait du temps et faisait croire qu'il pourrait ou pas avoir lieu. Si le futur commençait maintenant, alors le futur du monde d'après ne serait pas le futur du monde d'avant. Les villes du monde d'après se précisaient chaque jour davantage, d'un raisonnement sur le stock de logement, le stock de parking, le stock de ressources et d'énergie, les villes évoluaient avec des logements en flux en fonction des situations, à des solutions de partage de véhicules pour ne plus encombrer les artères de la ville, pour que son cœur batte à un rythme régulier, que l'oxygénation soit meilleure comme avec le Covid-19.
Tout avait déjà changé, d'une démocratie du carbone à la démocratie des flux, la question des stocks de capitaux allait exiger une réponse sociétale et politique sous peine de disparaitre. Mais qu'attendre d'une société française où 2 + 2 = 5 ?
Si la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle de 2017 était une évidence, la date sur la fin de son mandat prêtait à discussion. Pour certains analystes et journalistes, son quinquennat avait été stoppé net avec les premières manifestations des Gilets Jaunes, pour d'autres la pandémie Covid-19 avec la débâcle française et ses dizaines de milliers de morts avait signé la mort de l’État Jacobin français, Emmanuel Macron n'était qu'une victime collatérale de plus, parmi d'autres.
Le personnage d'Emmanuel Macron ne manquait pas de fasciner les Français tant sa capacité à auto-gouverner sa victoire avait étonnée plus d'une personne. Il avait gagné en décidant et en agissant seul sans l'aide d'un parti politique, sans aide extérieure même si ses discours avaient pu lui permettre de rencontrer de nombreux appuis aussi éclectiques étaient-ils.
Entre les complexités de l'environnement politique français, de décider de se porter candidat à l'élection présidentielle, et de la tâche à être élu Président de la République Française, Emmanuel Macron avait démontré l'autonomie de sa capacité à décider et à réussir.
Cette victoire mettait en exergue qu'il avait su, entre sa perception de la situation, de l'environnement et ses propres actions, réaliser un équilibre parfait puisqu'il pouvait même s'appuyer sur le fait que sa victoire avait été nette et sans appel face à des politiciens chevronnés, connus des Français, experts des arcanes du pouvoir. Était-ce parce qu'il avait gagné aussi brillamment cette élection que l'étrange défaite qui avait succédé faisait que son destin ressemblait étrangement à celui du Maréchal Pétain, d'abord héros puis frappé d'indignité nationale pour sa trahison ? Il s'était rêvé le tigre Clémenceau, il se retrouvait Pétain, il n'avait pas enfourché le destin mais avait été embroché par l'ironie de l'histoire.
Il savait que le projet révolutionnaire qui avait fait mouche pour gagner l'élection n'était plus qu'un lointain souvenir. Aussi bien les manifestations des Gilets Jaunes que la pandémie Covid-19 avaient montré autant l'impossibilité de mettre en place ces réformes, que l'inanité même de mettre ses réformes sur les rails. S'il bénéficiait d'une situation inédite dans l'Histoire mondiale et de France, il était non pas sous la seule pression populaire mais responsable du nombre de morts présents et à venir, la complexité de l'environnement, des tâches à mener et des décisions à prendre était encore plus complexe que pour gagner une élection présidentielle, même si Emmanuel Macron pensait toujours à une réélection en 2022. Finalement, Emmanuel Macron était comme un robot sur Mars à devoir décider dans un environnement inconnu afin de réaliser et réussir sa mission, à devoir s'appuyer sur des boucles rétroactives d'analyses où sa proprioception serait plus que sollicitée.
Entre la boucle de connaissances sur le nouvel environnement, l'état de la fonction publique aussi bien avec son mode dégradé de fonctionnement que sa réception par les Français, la réactivité exigée pouvait sembler inconciliable avec un quelconque processus de décision éclairée. Planifier, anticiper tout en prenant en compte les conséquences à advenir, tout cela faisait qu'entre des représentations symboliques des élus comme du peuple, des raisonnements logiques et probabilistes des experts comme du peuple et la rapidité du monde réel avec son nombre de décès quotidien, tout pouvait apparaître de prime abord comme incompatible avec l'exercice du pouvoir qui avait précédé cette pandémie Covid-19. Et, pourtant ...
Entre un état des connaissances partielles et à l'évolution inconnue, des réactions des écosystèmes politiques et syndicales erratiques, si l'objectif d'une présidence était d'être robuste, il fallait toute la souplesse afin de faire face à tous les antagonistes qui voyaient dans cette crise l'occasion de vendre leurs solutions du monde d'avant. La tribune des 150 personnalités de gauche illustrait à merveille cela, des vieilles recettes n'ayant jamais fonctionnées nulle part mais qui revenaient sur le devant de la scène car au final, la Nature avait horreur du vide, de la place laissée, d'un pouvoir en vacances désarçonné par le nombre de morts, déjà près de 30 000 décès, majoritairement des ainés.
La théorie des probabilités et les raisonnements bayésiens avaient pourtant déjà faits leurs preuves en réussissant à envoyer sur d'autres planètes du système solaire, des robots effectuer des missions. Plonger dans l'inconnu n’excluait pas de réussir. Quelle étrange défaite ... La Présidence des Lettres devait s'appuyer sur les Sciences pour réussir, or toute la première partie du quinquennat si mouvementée n'avait été qu'une ode aux croyances les plus éculées, du féminisme de Marlène Schiappa à la Santé selon Agnès Buzyn ou à l'Education Nationale selon Jean-Michel Blanquer sans compter le management de la police par Christophe Castaner, tous les indicateurs étaient au rouge en termes de réussite avant même le début de cette pandémie, tous les indicateurs étaient devenus écarlate avec le Covid-19. Quelle étrange défaite du pays des Lumières qui s'enorgueillissait d'avoir une médaille Fields en conseil, d'avoir des prix Nobel à disposition et en nombre, d'avoir autant d'étoiles scientifiques pour s'aveugler avec de la basse politique Sibeth.
Arriver à destination nécessitait de savoir naviguer donc de connaître sa localisation, de savoir situer et se situer. Il est vrai que Galiléo avait eu du mal à démarrer, alors que dire des systèmes non automatisés comme le politique.
Savoir situer et se situer faisait que la carte apparaissait dès lors qu'il y avait un accord sur le système de représentations et qu'il était pertinent. Si la carte ainsi élaborée permettait de mieux naviguer, elle indiquait alors aussi la navigabilité, les zones à risques, à turbulences, et les zones conseillées pour une navigation au mieux en fonction de l'état des connaissances, donc des capteurs des différents modules indispensables autant à la localisation qu'à la navigation et exécution des missions. Dire que Thomas Pesquet passait son temps à aller dans l'espace, à réussir ses missions dans l'inconnu. Et ce n'était pas le premier Français à l'avoir fait, quid des retours d'expériences. La force de l'Homme sur la machine et les robots d'exploration était sa capacité à interpréter le monde. Le sens du Monde et des actions dépendait toujours aussi bien des observateurs que des politiques, avaient-ils ou étaient-ils familiers des raisonnements bayésiens ? Avaient-ils testé la pertinence de leurs connaissances, avaient-ils une approche bayésienne de la philosophie des sciences ? Sur quels critères la Présidence Macron et le gouvernement Philippe auraient-ils dû choisir les propositions qu'ils considéraient comme vraies ? Connaître les probabilités de véracité et de fausseté auraient dû être les fondements d'une aide à la décision pour éviter cette étrange défaite et ces morts, si l'adage Science sans Conscience n'est que ruine de l'âme était connu par les politiciens littéraires, Conscience sans Sciences n'est que ruine de l’État-nation et des Français était la découverte 2020.
Comprendre scientifiquement ce que l'Homme élabore est profitable à toute démarche politique et sert les scientifiques à qui les politiques apportent de la matière.
Agent M Niveau 8