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9 févr. 2020

La lapidation du dernier français : La Reine du Monde et le for intérieur des violables.


Dans cette société française où une opinion était devenue un délit, il était facile de comprendre que l'éducation des masses avait été un échec total. Le monde français devenait un lieu où chacun était jugeable et condamnable par tout à chacun, où la liberté d'exercer sa raison et d'exprimer son opinion n'était plus un droit que les gouvernants faisaient respecter malgré son inscription dans la constitution française. Si l'émergence de la démocratie pouvait être considérée comme le moment où à l'opinion du Roi succède la souveraineté de l'opinion créant ainsi le premier fondement d'une démocratie, la faillite éducative avait crée l'empire du jugement des autres et non une démocratie délibérative.

Le siècle des Lumières avait fait de l'opinion publique l'instance du jugement social, l'instance critique par excellence. Mais si au siècle des Lumières, les livres avec l'imprimerie, s'étaient répandus lentement en raison de l’analphabétisme et les idées circulaient sous le manteau, les réseaux sociaux avec leur brouillage de la parole publique et de la pensée intime avaient crée une immense conversation publique où les idées circulaient, les opinions diverses et variées étaient publiées par une foule, une multitude invisible, une masse informe.

Entre le siècle des Lumières et le siècle des Réseaux Sociaux, les instruments de communication tels que les livres, la radio, la télévision, le cinéma n'étaient plus les seuls à pouvoir influencer l'opinion, à pouvoir fabriquer un consentement, à pouvoir canaliser les foules et à orienter l'opinion publique.

La Révolution Industrielle en concentrant les gens dans des lieux étroits avait permis aux gens de se retrouver, d'échanger, de prendre conscience de leur situation qui s'exprimerait par une lutte de classes pour l'égalité. Cette conscientisation avait amené à l’État Social et l'Histoire avait montré autant avec l'Industrie du Tabac qu'avec Mussolini ou Hitler combien il était facile d'amener les foules à consentir librement à des idéologies totalitaires et meurtrières ou à s'exposer de son plein gré à des catastrophes sanitaires au nom de la liberté. Les suffragettes nommées les torches de la liberté avaient réclamé leur droit au cancer du poumon au nom du féminisme grâce aux méthodes de Bernays. Goebbels s'était également inspiré de ce protocole en Allemagne.

A une époque où la majorité était composée d'illettrés, où la masse informe de la société était un agrégat de sentiments, de passions, et de préjugés marqué par l'irrationalité et la versatilité, la Reine du Monde était l'opinion publique. Elle pouvait être manipulée mais restait Maîtresse, la Révolution Française avait montré que nul ne peut être épargné par la puissance de cette opinion publique, le Roi en avait eu la tête coupée.


Comprendre cette masse était alors une nécessité, un impératif pour les gouvernants afin de mettre en place des institutions capables de résister aux contradictions humaines et à la prédisposition des foules à être violées psychiquement par différents discours tantôt religieux ou tantôt scientistes, où les pulsions humaines telles la combativité, l'alimentaire, la sexuelle et la parentale pouvaient être aisément activées et instrumentalisées afin de permettre à une minorité de gouverner en fonction de son idéologie a-démocratique et sans lien avec la réalité. Les gens développaient des identités d'intention. Ainsi, un homme à barbe et à pénis flamboyant pouvait se déclarer lesbienne et exigeait son coït avec la première lesbienne qui lui plairait. Ainsi, des adultes demandaient à l'industrie de la techno-reproduction de leur fabriquer un enfant pour devenir des parents d'intention, ignorants superbement que l'être humain n'était plus une marchandise depuis la fin de l'esclavage.

Gustave le Bon avait développé une approche psychologisante qui avait été utile à la gouvernance par les sondages mais incomplète. Gabriel Tarde en expliquant que bien que la foule soit tenue à distance, elle pouvait produire des effets collectifs, le tiers-état avait crée des tiers de confiance, des agents intermédiaires de médiation entre cette foule hétérogène et les gouvernants.

D'une construction politique de cette masse citoyenne, le consentement pouvait bénéficier d'une construction scientifique avec ce qui sera considéré comme l'Art des Sondages et la société de masse évoluait vers une société des publics. Le développement technologique permettait à chacun suivant ses affinités identitaires ou électives d'avoir son écran personnalisé, d'être enfermé dans une bulle médiatique et informationnelle. La recherche s'interrogeait de plus en plus quant à cette construction de cette opinion publique par les sondages. D'Habermas à Bourdieu, les questions sur le débat public honnête, les principes d'une discussion éclairante, les conditions de formation de cette opinion publique à la mise en évidence que si chacun avait un avis sur tout, tous les avis ne se valaient pas, il existait une hiérarchie des opinions et certaines n'étaient pas l'expression de l'individu raisonné et raisonnant mais une réaction plus ou moins contrôlée au système même des sondages.

Si l'opinion était une somme d'expressions subjectives, variables et changeantes, la masse n'était pas une communauté de croyances, de sentiments, et de faits isolés mais la somme de publics cloisonnés et mis à distance les uns des autres. Les réseaux sociaux avec leurs capteurs intégrés fragmentaient la masse citoyenne en une multitude de publics qu'ils orientaient par des questions de consommation et de produits où l'absence de déontologie  était le phénomène le plus marquant. Il s'agissait désormais pour les industriels et les lobbys identitaires et religieux d'orienter l'opinion publique afin qu'elle s'impose aux décisions politiques indépendamment d'une réflexion éclairée. 

Le logos, l'éthos et le pathos étaient sur-exploités, industrialisés, manipulés afin d'obtenir le consentement aveugle dans une guerre d'audience où les bas-instincts et les biais cognitifs seraient sollicités, où l'opinion était devenue une valeur marchande, où les apprentis sorciers de la communication politique, sociale et industrielle réduisaient la réflexion critique et politique sur le statut de chacun à des mesures d'audience. Ainsi, le for intérieur des individus pouvait être librement violé, le consentement n'était plus à recueillir, il était dû.

D'une société de masse à une société individualiste de masse où chacun faisait ce qu'il voulait mais où chacun ne pouvait penser ce qu'il voulait car l'opinion critique était devenue un délit à la circulation marchande ou à l' épanouissement des communautés identitaires et leur conscience d'être des audiences marchandisables avec leurs appels à boycott. Elles se faisaient ainsi connaître du grand public par leur pouvoir de nuisance et non de bienfait pour l'intérêt collectif et général. Les audiences ainsi construites paraissaient réelles bien qu'elles n'avaient plus de lien avec la réalité des individus réclamant égalité et liberté. Dans une masse individualiste, l'individu ne faisait plus lien avec l'autre, l'autre n'était plus un fraternel mais un membre d'une même audience, d'un même soi ou d'une audience concurrente, d'un autre à vaincre, à éliminer.

Du marché des audiences, de l'opinion à l'économie des mesures et la gouvernance des nombres, la pensée critique ne pouvait s'y exprimer sans risque, sans étude de l'avis des autres qui pouvaient réclamer une mort sociale immédiate grâce à la loi de censure de la députée Avia. Même les théocraties religieuses ne condamnaient pas à mort aussi vite mais dans l'ivresse des réseaux qui pouvait s'en soucier, la route vers l'abattoir était faite d'une douce musique. Entre les violables ayant facilement peur et heureux d'être dominés et guidés qui par leur droit de vote faisaient les résultats des élections. Entre le bilan de l'éducation de masse où les individus savaient à peine lire, écrire, et compter, les propagandes communautaires et politiques qui savaient s'appuyer les mécanismes de la prise de décision pour obtenir le résultat souhaité, nombreux individus voyaient leurs réflexes conditionnés. Le scandale Cambridge Analytica l'avait rappelé mais tout le monde l'avait oublié. L'instant n'était plus qu'un éphémère présent, une succession d'émotions.

L'épisode Mila avait montré les tropismes des intellectuels de gauche, y compris des homosexuels comme l'écrivain Edouard Louis qui condamnait davantage une lesbienne qu'une religion homophobe appelant à la pendaison des homosexuels dans les théocraties où elle régnait pleinement. Ce même écrivain avait déclaré avoir été violé par une personne mais excusait ce viol, et ne souhaitait aucune condamnation de l'auteur tout en écrivant un livre sur cet événement et gagner ainsi de l'argent, une sorte de viol gagnant-gagnant car rémunérateur et rédempteur de sa condition. Pour lui, le questionnement valait insulte, la liberté d'expression s'arrêtait à la liberté des croyances et aux dogmes rétrogrades. Sa défense des violents était en phase avec les discours féministes qui dédouanaient les femmes de toute violence en la nommant légitime défense. Le viol d'Edouard Louis était de la légitime de défense, la presse l'encensait, Mouloud Achour  était aux anges.
Ailleurs, des tags sur les murs de Paris invitaient à brûler des femmes par des transactivistes sans mettre en émoi  plus que quelques personnes. Brûler des femmes serait-il considéré comme de la légitime défense ou l'expression d'une foi et d'un précepte par un prédicateur qu'il soit religieux ou identitaire ?
Ainsi, la France du 21e siècle était le lieu des appels à respecter des violeurs et des tueurs au nom du principe de non discrimination. Ainsi, la défaite était acquise. Ainsi, la lapidation du dernier français était inévitable. Ainsi, l'effondrement serait total.
La France était redevenue une société primitive où chacun était dominé par des représentations collectives et se conformait au modèle anonyme d'une mentalité sous l'emprise de l'affectivité. La pression extérieure des réseaux sociaux nuisait en permanence au libre choix, à la délibération, à faire que l'être est au monde et du monde et non réduit à un écran.

Accuser l'adversaire d'atrocité, d'esprit d'agression, était la technique usitée par les politiques comme par les associatifs. A l'aide d'un même message, d'un même slogan adapté et démultiplié grâce aux écrans interconnectés à l'esprit de chacun, ils faisaient peur aux violables tout en galvanisant et réveillant la pulsion combative de ses partisans religieusement identitaires. Ainsi, la triste mécanique se remettait en place.



« les horreurs que nous venons de voir, et celles pires que nous verrons bientôt, ne sont nullement le signe que le nombre des révoltés, des insoumis, des indomptables, augmente dans le monde, mais bien plutôt que croît sans cesse, avec une rapidité stupéfiante, le nombre des obéissants, des dociles »
Bernanos


Les épisodes précédents :
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