"Déflorer une vierge, n'est-ce pas un projet plus excitant..."
La marquise de Mertueil
Actuellement un lynchage médiatique a lieu en France avec Gabriel Matzneff.
La prise en compte des crimes sur enfants est un phénomène plutôt récent dans l'histoire française. Elle est concomitante avec un mouvement de réflexion globale de la société sur l'enfance. C'est à la fin du 19e siècle que la société s’intéresse au travail des mineurs et commence à réfléchir à une législation spécifique aux droits de l'enfant.
La manière dont la presse relate les abus sexuels sur mineurs comprend quatre grandes phases :
1 - De 1880 à 1920 : le temps des accusations
2 - De 1920 à 1970 : le temps du reflux
3 - La révolution sexuelle des années 1970 : Il est interdit d'interdire
4 - Le tournant des années 1990 avec une condamnation sans appel de cette pratique ou presque.
De 1880 à 1920 : Le temps des accusations
La presse relate les abus sexuels et les mauvais traitements sur enfant. Le journal La Dépêche consacrera même une rubrique nommée Les Satyres en 1910. Si la presse française a eu du retard dans l'exposition des viols et des attentats à la pudeur, cette médiatisation des affaires a participé à une prise de conscience populaire.
En 1898, une loi est votée en France sur la répression des violences, voies de fait, actes de cruauté et attentats commis envers les enfants.
Les crimes des satyres commis sur les garçons et les filles posent déjà la question du consentement avec la formule : "Victime ou complice ?" mais uniquement pour les filles et non pour les garçons.
En effet, très rapidement, les crimes sur enfant sont essentialisés et la pédophilie féminine est largement excusée. La naturalisation de cette criminalité provient essentiellement des milieux médicaux et judiciaires. L’expertise psychiatrique et l’évaluation sociale du crime sexuel sur enfant (France, XIXe-XXe siècles)
La presse distingue alors deux types de faits : les abus sexuels sur enfants hors cercle familial avec l'émergence du stéréotype du seul prédateur pédophile, la prédatrice est oubliée et les abus sexuels incestueux où la responsabilité des enfants est interrogée et est sujette à caution. Pour les garçons abusés par des femmes pédophiles, l'absence de traces corporelles rend leur témoignage encore suspicieux et leur parole est largement étouffée et prête à rire.
Si la presse abreuve en détails son lectorat pour les autres crimes, elle est dans une économie du silence concernant les crimes sexuels sur enfant où les services d'investigation sont aux abonnés absents. Les criminels n'ont pas la parole et encore moins les enfants.
En 1904, le Parlement fait voter une loi concernant «l’éducation des
enfants difficiles et vicieux de l’Assistance publique», ceux qui,
précisément, avaient subi des sévices sexuels.
De 1920 à 1970 : Le reflux
Le silence sur ces crimes augmente, ils sont évoqués quand l'enfant décède sinon ils font l'objet d'une dépêche lapidaire. La parole des enfants est toujours largement sujette à caution. Lorsqu’en 1960, André Le Troquer, ancien président de l’Assemblée nationale, est condamné avec 23 personnes pour ce que la presse appelle alors une affaire de « Ballets roses » la moralité des jeunes filles est examinée de très près, puisque « certaines, il est vrai, abusaient des maquillages et des décolletés » affirme Le Parisien libéré.
Il y a 60 ans éclatait l'affaire des "Ballets roses de la République", un scandale sexuel qui va mettre en cause l'un des plus hauts personnages de la République précédente : André Le Troquer #histoire pic.twitter.com/IQFG424wKB— Ina.fr (@Inafr_officiel) 10 janvier 2019
Les crimes sur enfant sont davantage condamnés comme un outrage à la société que pour les impacts qu'ils ont sur les enfants. Le traitement est avant-tout moraliste, les enfants disparaissent des scènes de crime, ils sont invisibilisés.
Avec leurs écrits Gide, Montherlant ou Roger Peyrefitte ont célébré les pratiques pédophiles au nom de la liberté.
Et c'est au nom de la libération des mœurs, du droit à la différence des « amours minoritaires » et de la contestation de l’ordre bourgeois, que Libération accueille Tony Duvert et Gabriel Matzneff, interviewés par Guy Hocquenghem.
Les livres de Tony Duvert décrivent des activités pédophiles sans
dissimuler, et même en revendiquant leur caractère autobiographique.
Descriptions de scènes de drague, de fellation, de sodomie avec enfants,
tout ceci est contenu dans cette littérature, bientôt promue par Le Gai pied, journal des homosexualités, dont le numéro 0 paraît en février 1979. Tout est mis sur le même plan, au nom du droit à la différence : amours
libres, couples informels, homosexualité, zoophilie, pédophilie.
En 1980, Roland Jaccard salue, dans Le Monde des livres, la dernière publication de Tony Duvert, L’enfant au masculin,
avec ces mots : ce livre « traite d’un sujet qui chagrine les familles,
indigne les vertueux, dérange les plus permissifs et choque même les
professionnels du scandale : la pédérastie ». Et Jaccard loue cette «
pensée si généreuse » qui débusque les « hypocrisies ».
Enfin,
en 1981 encore, Philippe Sollers mêle critique et louanges à propos du
dernier livre de Gabriel Matzneff. Reconnaissant en lui un libertin
métaphysique, qui « réinvente la transgression, le scandale en se
lançant à corps perdu dans l’aventure qui ne peut pas ne pas révulser la
loi : la chasse aux mineurs », il ajoute : « Ce dernier point est
probablement inacceptable. Il m’est complètement étranger. Je ne juge
pas, je constate. Je vois que cela a lieu. J’essaye de comprendre cette
fantaisie obstinée, peinte par ses illustrateurs comme un paradis ».
1982 : Affaire Coral
L’affaire du Coral dite également affaire du lieu de vie, ou affaire des « ballets bleus du Coral » est une affaire d'abus sexuels sur mineurs. Très médiatisée à l'époque, l'affaire se signale par la mise en cause
de plusieurs personnalités publiques, Gabriel Matzneff, Écrivain, Jack Lang, Ministre de la Culture, Jean-Pierre Rosenczveig, Président du Tribunal pour Enfants de Bobigny, René Schérer, universitaire Paris 8 ce qui donne alors lieu à des
soupçons de manipulation d'origine politique ou policière.
Les revendications liées à la sexualité des mineurs sont d’abord
apparues, après Mai 68, comme des revendications d’émancipation par
rapport à des infractions, comme le détournement de mineurs pour lequel a
été condamnée Gabrielle Russier, dénoncées par les militants comme des
protections des familles et de leur pouvoir sur les enfants (Artières,
2008).
Ces revendications ont trouvé un lieu d’expression dans les mouvements homosexuels émergents : des groupes ont en effet décidé de rompre avec le registre d’action de l’association Arcadie qui, depuis les années de la Libération, défendait l’idée d’une organisation homosexuelle centrée sur la discrétion et la respectabilité (Jackson, 2006 ; Sibalis, 2010). Le Front homosexuel d’action révolutionnaire affirme ainsi la possibilité d’une expression et d’une visibilité des pratiques homosexuelles. L’animateur le plus connu du FHAR, Guy Hocquenghem, a raconté la naissance du mouvement au Nouvel Observateur en 1972 en faisant le récit de sa propre expérience militante. Lui-même homosexuel, il a pour amant son professeur René Schérer, il est entré en politique au lycée, dans le cadre des Jeunesses communistes. Entré à l’École normale supérieure, il rejoint l’Union nationale des étudiants de France et écrit des articles pour l’organisation trotskiste de la Jeunesse communiste révolutionnaire. Militant d’extrême gauche et homosexuel, il explique qu’il vit alors une douloureuse double vie. Il participe à mai 68 dans lequel il voit « une rupture au sein du mouvement révolutionnaire ». Mais il constate que le mouvement refuse d’aborder réellement la question homosexuelle. Après mai 68, Guy Hocquenghem est exclu de la Jeunesse communiste révolutionnaire et se rapproche des maoïstes de Vive la révolution ! Leur journal Tout ! annonce une réunion régulière aux Beaux-Arts : « à la première nous étions une trentaine. Le jeudi suivant, une centaine, et, au moment des départs en vacances, un millier. On est venu nous trouver. On a reçu des centaines de lettres ». Le Désir homosexuel, son livre-manifeste de la « révolution » homosexuelle est considéré aujourd'hui comme l'un des textes fondateurs de la théorie queer.
Ces revendications ont trouvé un lieu d’expression dans les mouvements homosexuels émergents : des groupes ont en effet décidé de rompre avec le registre d’action de l’association Arcadie qui, depuis les années de la Libération, défendait l’idée d’une organisation homosexuelle centrée sur la discrétion et la respectabilité (Jackson, 2006 ; Sibalis, 2010). Le Front homosexuel d’action révolutionnaire affirme ainsi la possibilité d’une expression et d’une visibilité des pratiques homosexuelles. L’animateur le plus connu du FHAR, Guy Hocquenghem, a raconté la naissance du mouvement au Nouvel Observateur en 1972 en faisant le récit de sa propre expérience militante. Lui-même homosexuel, il a pour amant son professeur René Schérer, il est entré en politique au lycée, dans le cadre des Jeunesses communistes. Entré à l’École normale supérieure, il rejoint l’Union nationale des étudiants de France et écrit des articles pour l’organisation trotskiste de la Jeunesse communiste révolutionnaire. Militant d’extrême gauche et homosexuel, il explique qu’il vit alors une douloureuse double vie. Il participe à mai 68 dans lequel il voit « une rupture au sein du mouvement révolutionnaire ». Mais il constate que le mouvement refuse d’aborder réellement la question homosexuelle. Après mai 68, Guy Hocquenghem est exclu de la Jeunesse communiste révolutionnaire et se rapproche des maoïstes de Vive la révolution ! Leur journal Tout ! annonce une réunion régulière aux Beaux-Arts : « à la première nous étions une trentaine. Le jeudi suivant, une centaine, et, au moment des départs en vacances, un millier. On est venu nous trouver. On a reçu des centaines de lettres ». Le Désir homosexuel, son livre-manifeste de la « révolution » homosexuelle est considéré aujourd'hui comme l'un des textes fondateurs de la théorie queer.
Un rappel de la législation française
Le Code de 1810 ne fixait pas de majorité sexuelle et ne comportait pas
d’incrimination spécifique concernant la sexualité avec des personnes
mineures. En 1832 fut créé l’attentat à la pudeur sans violence, qui
punissait les relations sexuelles avec des mineurs de moins de 11 ans.
Une loi de 1863 fit monter cet âge à 13 ans et une ordonnance de 1945, à
15 ans.
Une législation d’un type nouveau est adoptée en 1942 par le
régime de Vichy, qui incrimine les relations homosexuelles avec des
mineurs. Cette « dégradation » (Jackson, 2006, 153) de la situation des
homosexuels fut confirmée par un décret du 8 février 1945, et devint
l’article 331, alinéa 3 du Code Pénal.
Cela signifiait, par conséquent,
que « l’âge de la majorité sexuelle était de 15 ans pour les
hétérosexuels et de 21 ans pour les homosexuels » (Jackson, 2006, 153).
Des analyses actuelles pointent ce qui
forme, selon elles, le fonds d’erreur des militants pour l’abrogation de
la majorité sexuelle. Les propos tenus par Foucault en 1979 sont
souvent cités pour illustrer ce point : « De toute façon, expliquait-il
alors, une barrière d’âge fixée par la loi n’a pas beaucoup de sens.
Encore une fois, on peut faire confiance à l’enfant pour dire si oui ou
non il a subi une violence ».
En poussant à l’extrême la logique du consentement, Foucault aurait
oublié que « l’alternative entre la violence et le consentement fait ici
l’économie d’un troisième terme, qui ne se confond ni avec l’un, ni
avec l’autre : le pouvoir » (Fassin, 2002). La compréhension des
rapports de force, en particulier du déséquilibre structurel de pouvoir
entre adultes et enfants, impose de définir la liberté des enfants en
déterminant ce à quoi ils ne peuvent pas consentir, de la même façon que
le déséquilibre de pouvoir entre patron et employés fait que
l’apparence du consentement n’exclut pas la constitution du harcèlement
sexuel (de Singly, in Verdrager, 2013, 10).
Pour appuyer les revendications
d’abrogation des lois discriminatoires, les militants défendent les
personnes poursuivies pour des relations sexuelles avec des mineurs, en
particulier dans le cadre du Comité d’urgence anti-répression
homosexuelle (CUARH), mais aussi en sollicitant de plus larges soutiens.
En janvier 1977 paraît dans Le Monde une tribune en défense de
personnes placées en détention provisoire pour des relations sexuelles
avec des mineurs de moins de 15 ans. Parmi les signataires,
on trouve des militants connus (Jean-Louis Bory, Pierre Hahn, Jean-Luc
Hennig, Guy Hocquenghem, Françoise d’Eaubonne, Gabriel Matzneff, René
Schérer), des écrivains (Pierre Guyotat, Louis Aragon, Francis
Ponge, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Philippe Sollers), des
artistes (Patrice Chéreau) des médecins (Bernard Kouchner), des
philosophes (François Châtelet, Gilles Deleuze, Félix Guattari,
Jean-Paul Sartre, Jean-François Lyotard). Cette pétition montre que le
refus de la répression permet de rassembler des personnes aux
engagements politiques différents, autour de la notion centrale de
consentement aux relations sexuelles.
Les pédophiles, des amis de la famille ?
Une statistique américaine qui porte sur les pédophiles (homosexuels et hétérosexuels) condamnés comme agresseurs d’enfants, dévoile un fait curieux : l’enfant n’a pas rencontré son agresseur à la sortie de l’école, à la piscine ou dans un square, mais à la maison. C’était un ami de la famille, pour environ 60 % des cas.
On met les bambins en garde contre tous les dangers du monde extérieur, on leur dit : N’écoute pas les messieurs dans la rue, ne va pas en voiture, refuse les bonbons, rentre vite chez nous ! … -
Et c’est là qu’il attend, le vilain monsieur. Rien de surprenant. L’ami de la famille est un ami des parents. Il tente et réussit son coup parce que l’autorité parentale le protège aux yeux de l’enfant : c’est donc dans les familles où les enfants seront le plus soumis à cette autorité que l’agresseur sera le plus à l’aise. Milieu conservateur, patriarcal. L’idée même de contraindre un enfant à des relations sexuelles suppose, chez notre pédophile agresseur, la même mentalité patriarcale » (Duvert, 1980, 43).
Affirmer
la possibilité du consentement des mineurs, distinguer la sexualité
avec les mineurs du viol, sur majeurs ou mineurs, renvoyer la
responsabilité des violences les plus fréquentes sur les enfants au
milieu familial, ces trois lignes d’argumentation visent à défaire la
rationalité pénale qui s’applique à la pédophilie, en montrant qu’il
s’agit d’un crime sans victime. C’est en ce sens qu’est rédigée la
plate-forme revendicative d’un éphémère Front de libération des
pédophiles, que Libération publie en mai 1977.
Le tournant des années 1990 : la condamnation ou presque
L’émission de Mireille Dumas Bas les masques, consacrée au printemps 1995 à l’enfance maltraitée. Le soir même de l’émission le thème était évoqué au journal télévisé de 20 heures par un journaliste parlant de 4 000 cas d’abus sexuels commis (entendons dénoncés) pour la seule année 1994.
Pour la première fois, un média évoque les effets de la pédophilie sur
les enfants, laissant aux témoins le soin de dire leur mal être, leur
incapacité à oublier, à se construire une vie heureuse et équilibrée. À
partir de cette date, les médias sont plus soucieux de mesurer le
phénomène et de dénoncer l’exploitation sexuelle des enfants. On hésite
également moins à reconnaître que, bien souvent, c’est la famille qui
est le grand pourvoyeur des abus sexuels. On se met à parler en
abondance du commerce de la pornographie infantile, de la prostitution
et du trafic d’enfants. Ceci explique la mobilisation des médias autour
de l’affaire Dutroux en 1996, alors même que le sujet était déjà devenu
depuis plusieurs mois un de ces thèmes porteurs dont les magazines
aiment à alimenter leurs pages ou leur heure d’antenne.
Les années 1980-1990 forment également une rupture en
matière pénale. Le nombre de personnes condamnées pour des violences
sexuelles contre les mineurs s’est accru.
« Si
les condamnations pour viol ont augmenté de 82 %, les circonstances qui
caractérisent le crime sont ici déterminantes. C’est l’augmentation de
ces condamnations pour viol sur mineur de moins de quinze ans ou pour
viol par un ascendant de la victime qui explique, à elle seule, la
progression constatée. Avec 578 cas, ces condamnations sont presque six
fois plus nombreuses en 1993 qu’en 1984. Elles constituent désormais
plus de la moitié de l’ensemble des condamnations pour viol. »
(Burricand, Monteil, 1996).
La fin de l'omerta ? Pas si sûr...
2013 : Yasmine, 12 ans, et sa professeure, 30 ans : récit d'une passion interdite, publié dans Le nouvel Obs, le traitement sémantique marque la séparation entre la pédophilie masculine décriée et féminine expliquée. C'est le même verbatim que Gabriel Matzneff pour minimiser les faits.
2017 : La France découvre le candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron en même temps que son histoire personnelle avec sa rencontre avec sa professeure de français âgée de 39 ans Brigitte Trogneux quand il avait 14 ans.
2018 : TED : La pédophilie, une orientation sexuelle ?
Mirjam Heine est allemande, étudiante en médecine, et elle voudrait
changer le regard sur les pédophiles. C’est au cours d’une conférence
TED donnée à l’université de Würtzberg en Allemagne qu’elle a affirmé,
devant un auditoire, que « La pédophilile est une
orientation sexuelle inchangeable, au même titre que…
l’hétérosexualité ».
2019 : L'étude scientifique de la pédophilie et de la pédocriminalité demeure un des parents pauvres de la recherche psychiatrique. «Il y a peu de recherches sur les causes de la pédophilie en comparaison, par exemple, avec les travaux menés sur l'étiologie de la schizophrénie», confirme Ray Blanchard, qui a supervisé la section du DSM-5 traitant des paraphilies.
En France, une étude est lancée mais uniquement sur l'inceste.
Pourtant publiquement réprouvées, les violences incestueuses perdurent :
5 à 6 % des enfants sont victimes d’agressions sexuelles d’un proche. A
la croisée des études socio-historiques, juridiques, anthropologiques,
le projet de recherche pluridisciplinaire DERVI renouvellera la
connaissance de l’inceste en se focalisant de manière novatrice sur sa
divulgation, sur sa pratique et sur ses liens avec le groupe social.
DERVI étudiera ce moment primordial du dévoilement de l’inceste à des échelles (familles, réseaux institutionnels, médias), en des contextes (familial, judiciaire, administratif, médiatique, littéraire), suivant des modalités (révélation, dénonciation, témoignage, signalement, détection, récits, « affaires ») et avec des répercussions (indignation, indifférence, déni, scandale) variables.
Qui dit ou montre quoi ? A partir de quand ? Qui entend quoi ? Qui en rend compte ? Quelles sont les modalités du dévoilement de l’inceste ? Comment est-il accueilli ?
Les réponses à ces questions aideront à comprendre ce qui permet ou empêche de dire, entendre et restituer l’inceste aujourd’hui.
Dans ce but, DERVI propose de désenclaver l’inceste. Il s’agira :
1. De placer
l’inceste sous un éclairage interdisciplinaire
2. de permettre aux
anthropologues de replacer les violences incestueuses actuelles dans la
diachronie
3. de se défaire de la représentation courante de l’inceste comme acte extraordinaire pour mettre au jour son caractère ordinaire
3. de se défaire de la représentation courante de l’inceste comme acte extraordinaire pour mettre au jour son caractère ordinaire
4. de ne pas isoler l’inceste, mais le situer dans le cadre des autres
violences à l’égard des enfants
5. de penser l’inceste au sein d’une
configuration plus large en dépassant le couple attendu fille
victime/père agresseur, et de prendre en compte la diversité des
agresseurs ainsi que le voisinage.
DERVI associera les terrains ethnographiques longs et les approches historiques, fondées sur l’analyse qualitative et quantitative. Il réalisera ses objectifs au travers de 4 tâches :
DERVI associera les terrains ethnographiques longs et les approches historiques, fondées sur l’analyse qualitative et quantitative. Il réalisera ses objectifs au travers de 4 tâches :
1. comprendre la révélation de l’inceste et sa
prise en charge dans le contexte contemporain de la protection de
l’enfance dans une cellule de recueil des signalements, à l’Aide sociale
à l’enfance et au tribunal pour enfants (terrains ethnographiques
contemporains)
2. comprendre les violences incestueuses en contexte
judiciaire en interrogeant les spécificités juridique, pénale et
socio-culturelle dans une perspective comparatiste et dans la longue
durée (doctrine pénale, législation et archives judiciaires, 18e-21e
siècles)
3. comprendre les interprétations médicales de l’inceste et
leur diffusion dans l’espace public à travers l’étude du discours
médical produit sur les violences incestueuses depuis l’émergence de la
médecine aliéniste jusqu’à nos jours (rapports d’expertise et théorie
médicale, discours médical dans les médias et la littérature de
témoignage, 18e-21e siècles)
4. comprendre les violences incestueuses
dans leur dimension sociale et culturelle à partir de l’analyse de leur
réception dans l’espace public (témoignages et discours médiatiques sur
l’inceste ; 19e-21e siècles).
DERVI garantira la valorisation et la dissémination des résultats tant auprès de la communauté académique et scientifique, qu’institutionnelle, civile (Education Nationale, brigades des mineurs, protection de l’enfance, associations de victimes, etc.), médiatique et politique. Il permettra de réinsérer l’objet inceste dans le domaine des sciences sociales et apportera de nouvelles manières de l’investir. Ses résultats aideront les acteurs de la prévention à renouveler leurs pratiques et messages d’informations, et à penser de nouveaux moyens de détection et de prévention. Ils éclaireront l’action publique, ainsi que les élus et représentants politiques amenés à prendre des décisions et à refondre les lois pour endiguer les violences incestueuses.
DERVI garantira la valorisation et la dissémination des résultats tant auprès de la communauté académique et scientifique, qu’institutionnelle, civile (Education Nationale, brigades des mineurs, protection de l’enfance, associations de victimes, etc.), médiatique et politique. Il permettra de réinsérer l’objet inceste dans le domaine des sciences sociales et apportera de nouvelles manières de l’investir. Ses résultats aideront les acteurs de la prévention à renouveler leurs pratiques et messages d’informations, et à penser de nouveaux moyens de détection et de prévention. Ils éclaireront l’action publique, ainsi que les élus et représentants politiques amenés à prendre des décisions et à refondre les lois pour endiguer les violences incestueuses.
Le projet DERVI contribuera par ce biais à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, objet de mobilisation à l’échelle mondiale.
Cohn-Bendit se dédouanant à la façon d'un Matzneff
@annesobru : art, culture, Japon, photo, ciné
Blanche Gardin aux Molières 2017
Desmond, 11 ans, égérie Queer
Lyès Louffok sur l'enfer des foyers
où sont placés plus de 300 000 enfants
« Jamais je ne pus m’empêcher de répondre présent aux brusques appels de solitude et de silence où me plongeait la présence de l’humanité criante, hurlante, jacassante, piétinante, avançant en nations pour tuer ou s’amassant en foule désordonnée pour voir tuer.
Rares les fois où je n’ai pas précipité mon départ avec imprudence.
Ceux qui me voient m’éclipser en un instant supposent à tort que l’angoisse commande cette fuite soudaine.
C’est pire que l’angoisse : c’est le sentiment de l’humanité. »
Pascal Quignard, La Barque silencieuse
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