Bruner propose d'utiliser le terme "étayage"
scaffolding pour
caractériser les interactions pédagogiques qui prennent place au sein
d'une communauté d'apprenants. Celles-ci consistent, pour le partenaire
plus avancé, à prendre en charge les parties de la tâche qui dépassent
initialement les capacités du partenaire moins avancé en lui permettant
de se concentrer sur les parties de la tâche qui lui sont accessibles.
Le
terme étayage s'est imposé, parmi les chercheurs néo-cognitivistes,
pour désigner les interactions de soutien mises en œuvre par un adulte
ou par un pair afin d'épauler un sujet dans la résolution d'un problème
qu'il ne pourrait résoudre seul. Considérée de cette manière, la notion
d'étayage convient aussi parfaitement pour caractériser le type
d'intervention pédagogique mise en œuvre au sein de la zone proximale de
développement afin d'aider le sujet à se rapprocher de son niveau de
développement potentiel.
Bruner associe six fonctions principales à l'étayage:
- L'enrôlement correspond au fait que le tuteur s'efforce de soutenir l'intérêt du sujet par rapport à la tâche
- L'orientation consiste à s'assurer que l'apprenant ne s'écarte pas du but assigné par la tâche.
- La
réduction des degrés de liberté désigne les procédés par lesquels le
sujet plus avancé simplifie la tâche pour aider l'apprenant à résoudre
le problème qui lui est posé. Il peut, par exemple, dans un premier
temps, prendre en charge les parties de la tâche les plus complexes et
les rétrocéder ensuite à l'apprenant pour éviter une surcharge cognitive
en début d'activité.
- La mise en évidence des
caractéristiques critiques de la tâche consiste à attirer l'attention
sur les éléments pertinents de la tâche tout au long de son traitement
par l'apprenant.
- Le contrôle de la frustration permet
d'éviter que les difficultés rencontrées ne se transforment en échec et
n'entraînent un sentiment de démotivation par rapport à la tâche.
- La présentation de modèles aide à démontrer la tâche à l'apprenant, à achever la tâche pour lui ou à en détailler les étapes.
Perkins 1995 parle "d'individu-plus" pour désigner l'ensemble des ressources
mobilisées pour traiter une situation, celles-ci incluant à la fois
celles disponibles chez l'individu et celles fournies par
l'environnement. Pour cet auteur, l'individu plus son environnement
constituent un système cognitif répondant à l'hypothèse d'accès
équivalent entre les connaissances disponibles à partir de la mémoire de
l'individu et à partir de l'environnement. Ce qui importe, c'est le
type de connaissance, la manière dont elle est représentée et ses
modalités d'accès mais pas l'endroit où elle se situe.
Salomon 1995 met en évidence l'interaction très étroite qui existe entre les
composantes du système cognitif mobilisé pour traiter une situation
c'est-à-dire entre d'une part, les ressources cognitives internes de
l'individu et d'autre part, l'environnement constitué à la fois par les
outils cognitifs qu'il met à disposition et par les interactions
sociales qui s'y développent. Pour cet auteur, l'environnement n'aidera
pas seulement l'individu à trouver une solution au problème qu'il a à
traiter mais laissera également chez lui une trace cognitive. Un'employé pourra
progressivement transférer vers son propre système cognitif une partie
des opérations dont il s'est déchargé, dans un premier temps, sur
l'ordinateur.
Pour Salomon, les outils fournis par l'environnement
ne jouent pas seulement un rôle de médiateur mais aussi d'artefact en
ce sens qu'ils organisent
ou réorganisent Plasticité le fonctionnement cognitif.
Ainsi, des enfants qui utilisent un système d'aide à l'écriture
The
Writing Partner améliorent non seulement leurs performances d'écriture
mais développent aussi certaines capacités d'autorégulation
métacognitives à travers certaines traces cognitives laissées par le
dispositif. Il s'agit d'un processus en spirale où les outils fournis
par l'environnement participent au développement de la cognition
individuelle qui en devenant plus performante rend les activités
distribuées plus efficaces. Salomon décrit ce processus comme une
véritable coopération, un enrichissement mutuel entre activités
individuelles et distribuées.